Lina, 22 ans déjà ...
Nous avons joué du même instrument, celui qui donne des notes basses, sourdes, tout comme ces vibrations qui nous ont entraînées dans une souffrance sans nom. Il est la base même de la création des émotions qui nous gouvernent, celles que nous subissons, passives et révoltées, mais aussi celles qui nous font renaître à la vie et enfin goûter au bonheur d'être reliées par tous les temps, par tous les états, par toutes les dimensions.
Extrait du livre « Les enfants du paradis » **
Tu te rappelles maman lorsque je suis rentrée à la maison pour mourir ?
Bien sûr ma chérie, comment pourrais-je l'oublier ? Nous avions décoré la maison, mis des banderoles : « bienvenue Lina ». La chanson "bienvenue chez nous" des Enfoirés résonnait dans nos oreilles. Il m'est encore difficile de repenser à ces souvenirs. J'ai occulté les détails et les ai rangés bien profondément dans le casier : horreur. Les médecins m'avaient dit que tu n'arriverais pas à la maison vivante. Je t'avais promis que nous rentrerions chez nous, j'ai dû me battre pour y parvenir, mais tu étais là maintenant avec nous. Et ce retour te donna suffisamment d'énergie pour que tu reprennes vie. Pendant trois mois, tu as fait des progrès jour après jour et nous étions convaincus que nous avions gagné cette guerre contre le cancer. À dix ans tu avais tellement de projets, de rêves de petite fille à concrétiser. Je ne pouvais imaginer que tu meures. Jusqu'au bout nous y avons cru, ton papa et tes deux sœurs également.
Je vécus ces dernières semaines à l'île Maurice comme un cadeau, une renaissance, une paix avec la vie et un doux sentiment que nous étions plus forts que la maladie. Ce n'est pas la mort qui me faisait peur, mais d'être séparée de vous. Lors de mes NDE à l'hôpital, j'avais vu et ressenti la béatitude dans cette lumière puissante et rassurante où tout devenait clair, tout s'expliquait et semblait juste, même cette épreuve que nous vivions sur terre. J'ai compris lors de ces deux expériences que c'était un peu tôt, que tout n'était pas accompli, qu'il vous fallait encore un peu croire en ma guérison, car c'est avec cette énergie d'espoir que vous reconstituiez vos réserves de force pour subir mon départ.
Nous redonner espoir pour qu'ensuite tu t'en ailles, ce n'était pas un peu jouer avec nos émotions ?
C'est une loi énergétique, maman. Il y a beaucoup de choses qui sont difficiles à comprendre lorsque nous sommes limités par l'incarnation. La mort n'est pas une punition, mais la fin d'un voyage. Nous venons de la même étoile, décidons d'explorer l'expérience humaine, pour des raisons différentes, en partie ensemble. Ce qui est certain, c'est que nous retournons tous un jour à la maison et là, je ne peux même pas expliquer comme c'est merveilleux de rentrer chez soi. Bien sûr il nous manque les gens que l'on aime et qui sont encore sur terre, mais nous sommes reliés par un lien d'amour qui nous permet de rester présents et en contact.
Pour ceux qui rentrent, c'est bien plus simple que pour ceux qui poursuivent le voyage, car nous avons la compréhension en plus et des facultés bien supérieures que nous retrouvons dès que nous déposons notre corps de chair. Notre souffrance est similaire à la vôtre uniquement par ce que nous ressentons de votre tristesse, colère, révolte, ... Mais nous devenons en quelque sorte vos béquilles le temps nécessaire à votre guérison.
Même après des années, une certaine acceptation du vécu et compréhension, il reste une tristesse et nostalgie de ce que nous n'aurons pas pu vivre ensemble sur terre et ces manques physiques toujours réels. La souffrance se transforme et je te remercie vraiment de m'avoir guidée jusque-là, car je peux aujourd'hui vivre en conscience avec toi, même si tu n'es plus sous forme humaine.
C’est bien cela que je veux dire. Cette souffrance est devenue un palier de l'éveil et d'une nouvelle vie où les limites terrestres ne sont plus. Tout s'ouvre à vous. Cette reliance avec l'Au-delà, grâce à nous, est source d'apaisement et une autre forme de joie profonde s'installe en votre cœur d'abord, en votre mental ensuite. Nous sommes unis à l'infini.
Lorsque nous arrivons de l'autre côté du voile, nos guides et nos proches déjà rentrés à la maison nous apprennent à retrouver toutes ces facultés et à nous occuper de vous. Tout comme je te l'ai déjà expliqué dans nos précédents livres, nous avons de multiples possibilités, mais ne devons pas aller au-delà d'un certain seuil. C'est-à-dire que vous avez aussi votre apprentissage d'une nouvelle façon de vivre différente à faire. Une fois sortie de l'errance due à une trop grande souffrance, comme une parenthèse dans votre vie, vous commencerez, peut-être pour certains en vous forçant un peu, à retrouver des plaisirs terrestres. Il faudra plus ou moins de temps, mais nous avons l'amour infini et la patience illimitée. Il y a plusieurs étapes durant lesquelles vous devrez parfois retenir votre souffle tellement c'est insupportable. Des périodes où vous souhaitez en finir, ne plus devoir lutter pour vivre. Les dates anniversaires, de vie et de mort, de même que les fêtes sont insoutenables moralement.
Combien de fois j'aurais voulu m'endormir et ne me réveiller qu'après ces journées, combien de fois j'ai crié au ciel que je n'avais plus la force. Ce sentiment de pleurer à l'intérieur de mon corps, le cœur qui se serre à en devenir douloureux.
J’étais là maman et tu le savais. Je veillais lorsque tu sombrais et chuchotais à ton oreille : "Je suis là maman, avec toi. Je le serai toujours. Je t'aime."
Je me rappelle, à la première fête des mères, après ton envol, j'étais très mal. Tu m'avais dit, avec notre premier moyen de communiquer, l'alphabet et le pendule : "Maman, je t'ai fait un cadeau. Va regarder dans le jardin." Je suis sortie et qu'elle ne fut pas ma surprise de voir une plante juste à côté de l'allée et qui n'était pas là le jour d'avant. Tu savais que j'aimais l'odeur de ces fleurs. Je n'ai toujours pas compris aujourd'hui comment tu avais fait pour la mettre ici... Miracle de l'amour !
Tu m'as donné tellement de signes de ta présence, ma chérie. Merci. C'est vrai que parfois j'avais un peu l'impression que je m'inventais des histoires pour ne pas trop souffrir, beaucoup de manifestations sont très subtiles. Mais j'avais besoin de cela et m'en suis nourrie et je suis convaincue aujourd'hui que pour la plupart du moins, cela provenait vraiment de toi.
La douleur ouvre des portes sensorielles. Les caresses sur la joue, le sentiment que quelqu'un vous prend la main, le souffle dans votre cou, les odeurs, la vision, ... Nous sommes là et c'est notre première mission de vous porter au-delà des souffrances. Nous continuons le chemin ensemble, ce n'est pas une illusion. Pour nous aussi c'est important que vous sortiez de ce mutisme, car nous pouvons alors davantage avancer dans nos autres occupations. Nous avons beaucoup de choses à apprendre et profitons de chaque moment de répit pour aller en classe. Des enseignants célestes nous donnent les clés des mystères. Nous pouvons être sur plusieurs plans à la fois, restant toujours proches de vous, mais nous adonnant également à nos passions et occupations. Il y a plusieurs niveaux de connaissances en fonction de l'évolution de l'âme, mais tout est à notre portée. Il y a de multiples possibilités et c'est parfois une difficulté de faire des choix d'études ou d'occupations. Nos guides sont là pour nous conseiller. En fonction de notre évolution, des projets futurs et des envies, nous sélectionnons les priorités. Pour ma part, j'avais besoin encore de plaisirs et découvertes terrestres. C'était parfait, puisque comme j'étais avec vous, toi, papa, mes sœurs, mes grands-parents, ... J'ai participé à vos vies, tout en me nourrissant de ce qui me semblait encore insuffisant à mon passage dans l'autre monde. Nous sommes fusionnels avec nos proches et avons l'autorisation d'utiliser vos sens. Ainsi le goût, l'odeur, les perceptions tels que nous les ressentions avec notre corps physique, sont à notre portée, grâce à vous. Combien de fois, j'ai remangé du chocolat et des pâtes grâce à toi maman ! Ou caresser mon chat en prenant la main de Lucie. Pour chacun c'est différent, mais en général nous avons aussi cette étape de "désaccoutumance" des sens humains. Nous avons nous aussi des moments de tristesse de n'être plus de votre côté du voile, physiquement avec vous, surtout lorsque nous sentons votre désarroi, mais nous ne regrettons jamais cette vie par rapport aux projets que nous avions sur terre, tant tout est tellement plus grandiose ici. Mais ça, vous ne pourrez réellement le comprendre que lorsque vous y viendrez. Après quelques mois après notre arrivée au ciel, nous sommes complètement adaptés à notre nouveau statut d'être céleste. Il nous est demandé de poursuivre nos expérimentations sous d'autres formes. Nous devenons à notre tour des enseignants. Quel bonheur alors de prendre en charge de nouveaux arrivants dans l'au-delà ou de préparer des futurs incarnés. Nous pouvons aussi nous aligner sur certaines fréquences et collaborer avec des médecins célestes ou entrer davantage dans la matière et inspirer des personnes qui cherchent à élever les vibrations terrestres, de manière consciente ou inconsciente. Nous passons la plupart du temps par des êtres qui produisent des vibrations élevées, par leur présence, mais aussi par ce qu'ils créent, la musique, l'art, et par ceux qui se mettent en avant dans leur concept de vie. En fait pour la plupart d'entre nous qui avons terminé notre chemin karmique, nous choisissons de travailler pour la terre et les êtres humains, avec vous, nos proches. Nous sommes des antennes et faisons le lien entre les mondes subtils et physiques. Vous êtes, parfois sans le savoir, des récepteurs et nous, des émetteurs de fréquences élevées d'amour, de compassion, de compréhension. Vous n'avez plus la même attache au monde de la terre et nous vous transmettons cette partie qui vous manque, depuis notre départ, pour que vous puissiez à nouveau vous sentir bien sur terre. Parfois, vous êtes tellement déconnectés que vous tombez malades. Vos âmes vous poussent à réagir pour vous forcer à remettre le pied à terre. Nous n'avons pas fini nos échanges ciel et terre. Par ce lien d'amour, nous sommes tout le temps connectés. L'amour est puissant et donne des ailes. Nous sommes aujourd'hui de plus en plus facilement "joignables" étant donné le changement d'ère qui pousse les mondes à interférer les uns avec les autres. Maman, tu le sais toi, nous sommes unies sans aucune barrière, sans aucune limite.
Je vous aime
Lina
** Les enfants du paradis
Chaque deuil est insupportable, mais il ouvre la porte d'un monde inconnu qui dévoile alors toute sa puissance et offre la possibilité de surpasser l'envie de mourir.
Lina et Cathy Muller
Maman et moi avons décidé de démontrer que la mort n'est qu'un passage, que nos échanges se poursuivent après ce passage vers l'autre rive.
Nous avons vécu ce moment où tout s'arrête, où nous perdons tous nos repères et pour maman, ses motivations pour la vie.
Bien sûr, lorsqu'un enfant meurt, le monde s'écroule.
Bien sûr, la souffrance ne peut s'expliquer et personne ne peut la vivre à notre place.
Bien sûr, le temps s'arrête.
Il y a l'avant et il y a l'après.
Il reste toujours l'espoir de se retrouver un jour, lorsque la montre de la vie de ceux qui restent se posera sur la mort.
Ce que nous ignorions alors avant mon "départ", c'est que nous pourrions encore communiquer et faire plein de choses ensemble.
Nous l'avons appris, parallèlement aux cris de désespoir et de révolte.
Nous sommes restées unies même dans cette somnolence de la vie, là où plus rien n'a d'importance sur terre.
Je vole de cœur en cœur pour apporter un peu d'espoir et de joie à tous ceux qui recherchent un baume de guérison à leur souffrance.
Ensemble, nous donnons la preuve que rien ne s'arrête jamais.
Lina